L’enfer est parfois silencieux. En Chine, en 1960, le chant d’un oiseau, le moineau friquet, avait quasiment disparu. Un moineau accusé de tous les maux par Mao, accusé de piller les rizières. Un appétit de moineau, pourtant, mais suffisant pour décréter son éradication – c’est la campagne des quatre nuisibles, qui cible aussi les rats, les mouches et les moustiques. On démolit les nids de moineau, on lui tire dessus, et on tape sur des casseroles pour l’effrayer et l’empêcher de se poser… On parle d’un milliard de moineaux tués en trois ans. Un génocide aviaire en partie responsable de la grande famine du Grand bond en avant, parce qu’il n’y avait plus de moineaux pour chasser les parasites et les insectes, les sauterelles à l’appétit beaucoup plus vorace.
Éradiquer les rats
Dans sa lutte contre les espèces animales qu’il classe comme « nuisibles », l’être humain a besoin d’alliés. Et le chat, ce tueur en série, en est un, domestiqué pour chasser les souris et protéger les réserves de grains. Pour conquérir le monde, l’humain avait souvent un chat dans ses bagages. Avec, à l’arrivée, de gros dégâts : le chat, en Australie, est responsable de la disparition d’une vingtaine de mammifères ; et sur les îles du monde entier, d’une trentaine d’espèces d’oiseaux endémiques.
Le rat, phobie humaine, doit être éradiqué. En Indochine, quand le Vietnam était français, les autorités offraient une prime en échange d’une queue de rat. Mais les habitants se contentaient de couper la queue et de relâcher vivant le rongeur, pour qu’il continue de se reproduire, pour ne pas perdre un gagne-pain. Quand la solution s’avère pire que le mal d’origine ; c’est ce qu’on appelle « l’effet cobra ».
Multiplier les cobras
Le cobra, ou serpent à lunettes, est l’un des reptiles les plus dangereux, en raison de la grande quantité de venin qu’il est capable d’inoculer. En Inde, au début du XXe siècle, le colon britannique offre une récompense aux tueurs de cobras. Mais des petits malins se mettent à élever des cobras pour se faire de l’argent. Les autorités l’apprennent et suppriment les primes. Les éleveurs relâchent alors tous leurs serpents dans la nature. La population de cobras se met à exploser.
On peut aussi parler de la coccinelleasiatique, importée pour limiter les nuisances des pucerons, parce qu’elle est plus gourmande que les espèces de coccinelles locales. Résultat : celles-ci sont menacées. Et puis il y a le ragondin, ce rongeur aquatique, venu d’Amérique. Aujourd’hui, il pullule en Europe. Alors, on le tue, à coups de fusil. Ce qui provoque, in fine, l’effet inverse : quand le mâle alpha est tué, le taux de fécondité des femelles monte en flèche. La chasse aux nuisibles est parfois nuisible.
La chasse aux nuisibles est parfois nuisible
L’enfer est parfois silencieux. En Chine, en 1960, le chant d’un oiseau, le moineau friquet, avait quasiment disparu. Un moineau accusé de tous les maux par Mao, accusé de piller les rizières. Un appétit de moineau, pourtant, mais suffisant pour décréter son éradication – c’est la campagne des quatre nuisibles, qui cible aussi les rats, les mouches et les moustiques. On démolit les nids de moineau, on lui tire dessus, et on tape sur des casseroles pour l’effrayer et l’empêcher de se poser… On parle d’un milliard de moineaux tués en trois ans. Un génocide aviaire en partie responsable de la grande famine du Grand bond en avant, parce qu’il n’y avait plus de moineaux pour chasser les parasites et les insectes, les sauterelles à l’appétit beaucoup plus vorace.
Éradiquer les rats
Dans sa lutte contre les espèces animales qu’il classe comme « nuisibles », l’être humain a besoin d’alliés. Et le chat, ce tueur en série, en est un, domestiqué pour chasser les souris et protéger les réserves de grains. Pour conquérir le monde, l’humain avait souvent un chat dans ses bagages. Avec, à l’arrivée, de gros dégâts : le chat, en Australie, est responsable de la disparition d’une vingtaine de mammifères ; et sur les îles du monde entier, d’une trentaine d’espèces d’oiseaux endémiques.
Le rat, phobie humaine, doit être éradiqué. En Indochine, quand le Vietnam était français, les autorités offraient une prime en échange d’une queue de rat. Mais les habitants se contentaient de couper la queue et de relâcher vivant le rongeur, pour qu’il continue de se reproduire, pour ne pas perdre un gagne-pain. Quand la solution s’avère pire que le mal d’origine ; c’est ce qu’on appelle « l’effet cobra ».
Multiplier les cobras
Le cobra, ou serpent à lunettes, est l’un des reptiles les plus dangereux, en raison de la grande quantité de venin qu’il est capable d’inoculer. En Inde, au début du XXe siècle, le colon britannique offre une récompense aux tueurs de cobras. Mais des petits malins se mettent à élever des cobras pour se faire de l’argent. Les autorités l’apprennent et suppriment les primes. Les éleveurs relâchent alors tous leurs serpents dans la nature. La population de cobras se met à exploser.
On peut aussi parler de la coccinelle asiatique, importée pour limiter les nuisances des pucerons, parce qu’elle est plus gourmande que les espèces de coccinelles locales. Résultat : celles-ci sont menacées. Et puis il y a le ragondin, ce rongeur aquatique, venu d’Amérique. Aujourd’hui, il pullule en Europe. Alors, on le tue, à coups de fusil. Ce qui provoque, in fine, l’effet inverse : quand le mâle alpha est tué, le taux de fécondité des femelles monte en flèche. La chasse aux nuisibles est parfois nuisible.
RFI